16

Tarek Rabaa, citoyen libanais de 43 ans, a entamé une grève de la faim il y a deux semaines à la prison de Roumieh où il est détenu. Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme demandent sa « libération immédiate », à l’heure où son procès devant le tribunal militaire de Beyrouth est toujours en cours. Dans un communiqué, ces organisations se disent « très préoccupées par la poursuite de son procès devant cette juridiction militaire, mais également par l’absence d’enquête sur les tortures qu’il aurait subies en détention ». M. Rabaa, ingénieur employé par la société de télécommunications alfa, a été convoqué le 12 juillet 2010 au ministère de la Défense de Yarzé dans le cadre d’une enquête. Accusé de collaboration avec Israël, il est, depuis, en détention provisoire. « Son procès devant le tribunal militaire de Beyrouth repose sur des aveux qui auraient été extorqués sous la torture alors qu’il était détenu au ministère de la Défense, souligne le communiqué. Tarek Rabaa rapporte que ses interrogateurs l’ont électrocuté, l’ont forcé à rester debout pendant 20 jours et lui ont asséné des coups violents sur les oreilles. Ce n’est que 32 jours après son arrestation que sa sœur, chargée de sa défense, a pu lui rendre visite. Selon les informations dont nous disposons, il a été victime de tortures et de mauvais traitements alors qu’il était détenu au ministère de la Défense pendant 108 jours, avant d’être transféré à la prison de Roumieh, où il est actuellement encore détenu », toujours selon le communiqué.Tout au long de l’enquête, M. Rabaa a refusé de signer la plupart des documents qui lui ont été présentés par les services de renseignements de l’armée libanaise. Néanmoins, son nom complet écrit à la main figurait au bas des pages de ces documents qui ont ensuite été présentés à la justice militaire comme ses « aveux ».« Son procès devant le tribunal militaire, toujours en cours, a débuté le 7 février 2011, indique le communiqué. La défense a porté à l’attention de la cour les preuves sur les actes de torture en produisant les rapports médico-légaux au tribunal. La prochaine audience aura lieu demain, vendredi 17 mai. Si elles s’avèrent vraies, les indications fournies sur ce plan constituent de graves violations du code de procédure pénale libanais et des engagements internationaux du Liban. Dans le cas présent, les organisations signataires considèrent que M. Rabaa, victime de détention arbitraire, devrait être libéré immédiatement. Elles estiment aussi que les auteurs des actes de torture devraient rendre des comptes devant la justice et que la victime a droit à une réparation. »Les organisations signataires du communiqué rappellent aux autorités leur devoir « de respecter le principe de la présomption d’innocence dans le cas présent tant que la culpabilité de Tarek Rabaa n’a pas été prouvée par une cour de justice ». Elles insistent sur le droit de M. Rabaa « à un procès équitable... devant un tribunal compétent ».Le communiqué rappelle que « la présentation de civils devant une juridiction militaire constitue une grave violation du droit à un procès équitable » et appelle à la libération de M. Rabaa « pour la suite du déroulement de son procès ». Il rappelle aux autorités libanaises « qu’elles sont responsables de sa sécurité physique et psychique et qu’elles ont le devoir d’ouvrir immédiatement une enquête indépendante et approfondie sur les cas de tortures dont il a été victime ».Les organisations signatairesLe communiqué a été signé par les associations suivantes : Centre libanais des droits humains (CLDH)Fondation AlkaramaALEF – Act for human rightsWorking Together for Human Rights (AEDH)Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT – France)Réseau euro-méditerranéen des droits de l’homme (Euromed)Organisation mondiale contre la torture (OMCT). Source Link